×

Veuillez désactiver le bloqueur de publicité SVP!

Vous n'aimez pas la publicité dans les pages, nous le comprenons bien! Par contre, un site d'information sans pubicité ne pourra pas survivre sans revenu publicitaire.

Guinée : Un putsch dans le système, par le système et pour le système.

Transmis tel que lu sur le net

En politique, il est courant d'entendre que les plus grandes batailles se mènent en interne. Cet adage est d'autant plus vrai que l'essentiel des coups d'État en Afrique est mené par des proches. Alpha Condé vient d'en payer les frais. Il a été renversé par son petit-frère Malinké comme lui de Kankan qu'il était allé trois ans plus tôt chercher dans l'armée française. Certains ici ou ailleurs pensent que l'on est plutôt très bien gardé par des frères du village. Erreur ! L'appartenance ethnique, clanique ou familiale s'avère être non fiable. L'on n'est jamais prophète chez soi!
Je cherche aussi en vain à avoir la pertinence des putsches pour le développement. Certains croient au discours des putschistes. J'ai l'avantage d'avoir analysé en 2012 pour le compte de la revue Signes le discours des putschistes en Afrique Noire Francophone. Il en ressort qu'ils récitent le même discours qui ne présage aucun changement. Ils dénoncent les mêmes maux et promettent les mêmes solutions qu'ils ne réalisent jamais.
Parlant de la Guinée, je ne vois pas comment ce nouveau putsch sera profitable à la démocratie et au peuple. Le putschiste annonce le statut quo. Il dit en gros que les intérêts en présence seront consolidés. L'exploitation minière continuera. Le pays continuera donc à être pillé. Nous sommes en Guinée Conakry quand-même dans l'un des pays les plus riches en ressources naturelles au monde mais, où les populations vivent sous le sein de la pauvreté. Le putschiste annonce que le système Condé continuera.
Ce putsch est donc une affaire née du système pour améliorer le système en vue de garantir la pérennité du système. Il n'a pas encore livré tous ses secrets. C'est d'ailleurs ce qui peut expliquer la facilité déconcertante avec laquelle les putschistes ont pris le pouvoir. Aucune résistance. Zéro mort comme on dirait au Cameroun. C'est trop beau pour être un putsch contre le système.
Quelque chose à voir avec le troisième mandat ? Non! La bataille pour le troisième mandat était terminée et gagnée. Les actuels putschistes avaient oeuvré à contenir la résistance pacifique et démocratique du peuple. Ils étaient plutôt du côté des bourreaux. Ils avaient fait le sale boulot. Ils n'ont jamais été pro-démocratie. L'unité spéciale avait été montée pour pérenniser le pouvoir d'Alpha Condé. Ce dernier a menacé le système et le système s'est protégé. Sinon, qui aurait eu cette facilité à livrer le président aux putschistes comme un simple bout de pain?
Pour le reste, je ne saurais terminé sans faire un commentaire sur le Cameroun. La comparaison avec le Cameroun montre que Paul Biya a toujours eu une longueur d'avance sur les autres chefs d'État africains en ce qui concerne la préservation de son pouvoir. Non seulement il a divisé l'armée mais, il a toujours nommé un étranger à la tête des forces spéciales (BIR). Quel serait l'intérêt du commandant du BIR à prendre un pouvoir qu'il ne pourra pas exercer? Pour le convaincre, il faut être capable de le payer mieux que Biya, ce qui n'est pas évident. Une autre leçon non assimilée par Alpha Condé est qu'on ne relâche pas un lion blessé. Le Lieutenant colonel putschiste avait été accusé et matraqué, puis laissé en circulation. Son bureau avait même été délocalisé. Pour le monsieur, il n'y avait que deux possibilités: soit il attaquait pour se sauver, soit il attendait d'être broyé par le système tôt ou tard. Pour ma part, je crois que c'est la raison principale du putsch. Les hommes des unités spéciales n'ont pas faim pour que l'on puisse justifier une éventuelle insatisfaction. Ils ont sauvé leurs vies en vue de sauver le système. Et le système semble être d'accord avec eux. C'est quand même bizarre ce coup d'État sans aucune résistance.
Quant à Alpha Condé, il faut dire qu'il aura cherché. Dans le langage courant, on dit que les dieux rendent fous ceux qu'ils veulent perdre. Je crois que Alpha Condé était perdu. Il avait déjà renié tous les principes démocratiques pour lesquels il s'était battu les 40 années précédant son accession au pouvoir. Il n'était plus lucide. Il était ivre de pouvoir. Il ne lui reste plus qu'à faire valoir son passeport français. Il servira de monnaie d'échange aux putschistes. La mère-patrie viendra chercher son citoyen en échange de la reconnaissance du Nouveau Pouvoir. C'est ainsi qu'il sortira par la petite porte. Une frequentation que l'on jugera desormais encombrante. Ainsi va la vie.
LMK

-