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Guerre en Ukraine: Poutine brandit la menace de l’arme nucléaire

La mise en alerte des forces de dissuasion nucléaire russes pourrait constituer la pire crise géopolitique mondiale depuis l’affaire des missiles de Cuba, en 1962.

Vladimir Poutine a ordonné dimanche aux chefs de ses armées de placer la force de dissuasion nucléaire russe en état d’alerte, en réponse à des déclarations selon lui agressives de pays membres de l’Otan et aux sanctions économiques contre Moscou.

Cette force dépend principalement du commandement des forces stratégiques (RVSN) chargé de la dissuasion nucléaire. Selon le Bulletin of the Atomic Scientists (un organisme de recherche américain), l’arsenal nucléaire russe comprend actuellement 4 477 têtes dont 1 588 sont opérationnelles. 812 sont installées sur des missiles balistiques, 576 sont embarquées dans des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins et environ 200 peuvent être tirées à partir de bombardiers lourds. Le reste de cet arsenal a été mis en réserve mais il n’est pas démantelé.

A la télévision, le président russe a expliqué aux citoyens de son pays que comme vous pouvez le voir, non seulement les pays occidentaux prennent des mesures inamicales contre notre pays dans le domaine économique – je veux parler des sanctions illégales que tout le monde connaît très bien -, mais de hauts responsables de grands pays de l’Otan se permettent de formuler des déclarations agressives concernant notre pays.

Le président russe faisait directement référence à une déclaration française du 24 février : Vladimir Poutine doit aussi comprendre que l’Alliance atlantique est une alliance nucléaire, avait alors déclaré Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères sur la chaîne TF1 .

La menace russe est inédite depuis 1962 et la crise des missiles atomiques que Moscou voulait déployer à Cuba. Une guerre nucléaire avait alors été évitée de justesse et les deux grandes puissances avaient ensuite entamé des négociations sur un désarmement nucléaire.

Alerte permanente

Par définition, une dissuasion est toujours en alerte ; dire que l’on élève le niveau est d’abord un signal politique​, estime Joseph Henrotin, le rédacteur en chef de la revue spécialisée DSI. Un avis partagé par Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, pour qui l’élévation de l’état d’alerte de la force russe est destinée à impressionner. Pas à tirer.​D’ailleurs aucun des pays occidentaux qui disposent d’armement nucléaire (USA, France, Royaume-Uni) n’a annoncé de mesures similaires.

Drapeau européen sous l’arc de triomphe : cela vous choque-t-il ?

Toutefois, la décision de Poutine n’a pas été prise à la légère, au moins pour rassurer les opinions publiques. Cette annonce de Moscou signifie que le président Poutine continue l’escalade dans cette guerre, d’une manière qui est totalement inacceptable​, a déclaré sur CBS l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield. Le président russe Vladimir Poutine fabrique des menaces qui n’existent pas​, selon la Maison Blanche. Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a dénoncé dimanche une conduite irresponsable ».

 

 

AFP