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Alerte : « Un ministre de Yaoundé a établi, une liste de cinq personnes à abattre à Buea, et mon nom figure au sommet », Paul Ayah Abine

Paul Ayah Abine

Le magistrat à la retraite, aujourd’hui avocat et autre fois homme politique, Ayah Paul Abine, révèle aussi que les plusieurs enlèvements survenus dans les régions anglophones, sont des fabulations, savamment orchestrées par des personnalités bien connues au Cameroun.

Comment vivez-vous les kidnappings dans la région du Sud-ouest où vous résidez ?

Des kidnappings dans la région du Sud-ouest, deviennent de plus en plus fréquents, audacieux et ennuyeux. Ils se font maintenant en pleine journée, et partout avec insistance sur le nombre de plus en plus élevé des victimes par incident. Mais des rançons ces derniers jours, semblent être en baisse selon les dires des victimes. En tout cas, elles deviennent moins systématiques.

Comment vivons-nous tout cela ? Il y avait la peur dans le temps. Mais avec la réduction de la durée de l’ordeal, ainsi que la demande des rançons devenue sélective, on tient un peu tête; surtout que peu de victimes ont trouvé la mort. Nous n’avons aucun autre espoir que de nous remettre à Dieu.

Les combattants séparatistes sont accusés d’être les auteurs de ces enlèvements, même si on ne les entend presque pas souvent revendiquer cela. Peut-on croire qu’il y a autre chose qui se cache derrière ?

Il est bien difficile de dire avec exactitude, qui sont les auteurs exclusifs des enlèvements dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. A ce que je sache, il y a des enlèvements qui ont été revendiqués par ceux qui sont communément appelés ‘’Amba boys’’. Mais il y a bel et bien des enlèvements par des forces de défenses; et les victimes n’ont trouvé la liberté qu’en échange de paiements d’argent. Je le dit en toute connaissance de cause, et sans habillage quelconque, parce que deux de mes orphelins ont été des victimes.

Il n’est pas superflu d’ajouter que selon certaines allégations, un ministre monte des groupe qui se dissent ‘’Amba boys’’ – souvent péjorativement appelés ici des ’’faux Amba boys’’ – pour commettre des atrocités, y compris des enlèvements suivis des libérations contre paiement des rançons. Ces groupes sont sponsorisés par l'argent du contribuable, et ils opèrent à l’aide des logistiques officielles.

L’objectif ici est bien sûr de discréditer les ‘’vrais Amba boys’’, en les tenant responsables de ces atrocités. Je ne peux ni confirmer, ni infirmer ces allégations. A vous, journalistes, de mener des investigations pour découvrir la vérité.

Plusieurs mois après l’attaque que vous avez subi à Buea, avez-vous une idée sur les responsables ?

Depuis que l’attaque a été perpétrée dans ma résidence à Buea, nous restons sans aucune information, ni indice. Deux jours après l’attaque, la légion de gendarmerie de Buea, nous a pourtant envoyé un enquêteur. Je lui ai fait une déclaration explicite. A la fin de la déclaration, l’enquêteur m’a demandé si je soupçonnais quelqu’un. J’ai clairement répondu en disant que je ne soupçonnais que le gouvernement camerounais. Aussi ai-je donné des raisons que je ne peux préciser ici, étant donné que l’enquête est, peut-être, toujours en cours. Depuis lors, c’est le silence total.

Puis-je vous dire qu’il y a quelques semaines seulement, un certain ministre a établi à Yaoundé, une liste de cinq personnes à abattre à Buea et ses environs. Le nom de Ayah Paul Abine, (mon nom bien sûr), y figurait bien au sommet. Evidemment, mon soupçon de depuis novembre dernier, a été amplement corroboré !

Que faut-il faire pour mettre fin à ces attaques et kidnapping qui vont grandissant dans la région ?

En 2010, j’avais préconisé et proposé dans un petit bouquin – Ma Vision d’un Cameroun Nouveau – UNE COMMISSION DE VERITE ET DE RECONCILIATION à la Sud-Africaine pour notre pays. Comme d’habitude, c’était un non évènement. Ceci s’avère une nécessité absolue aujourd’hui. Malheureusement, le Rassemblement démocratique du peuple Camerounais (Rdpc), a détruit l’unité nationale; et les forces des ténèbres, sont entrain de massacrer les Anglophones; ceci en déclarant vouloir aller jusqu’au bout.

Que peut-on entrevoir comme début de solution ?

De prime abord, cessation des hostilités de part et d’autre. J’ai entendu quelques personnalités de l’Etat, dire qu’on ne peut pas mettre les deux parties au même pied d’égalité. Ce ne sont pas là des propos des hommes d’Etat. Un homme d’Etat sait que l’Etat renferme trois composantes indispensables: le peuple, le territoire et le gouvernement. Et le peuple est la pierre angulaire. En effet, sans le peuple, il ne peut y avoir de gouvernement, ni de territoire. Et sans les deux, on ne saurait parler d’un Etat. Le moins que l’on puisse dire, est que préférer massacrer le peuple pour quelque raison que ce soit au lieu de l’écouter, ne peut jamais provenir de Dieu. Que proposez-vous aussi comme solution à la crise anglophone ? Ne cherchons pas de midi à 14 heures : Cessation d’hostilités et négociation. Ce n’est pas à moi d’arrêter les modalités de la négociation. Mais aucune solution ne peut exister, sans passer par la négociation ! Personne ne peut raisonnablement parler des négociations si les armes continuent de crépiter.

 

Interview accordée à Agora-mag