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Boko Haram : « Une menace réelle au Cameroun »

Joseph Vincent Ntuda Ebode, géostratège est Professeur titulaire des universités et directeur du Centre de recherche d’études politiques et stratégiques (CREPS) de l’Université de Yaoundé II-Soa, il parle des nouvelles attaques de Boko Haram.

Professeur, de nouvelles attaques sanglantes de Boko Haram contre nos forces de défense et de sécurité et les populations ont été enregistrées ces derniers jours. Résurgence du terrorisme islamiste ou frappes symboliques ?

Un examen plus profond du mode opératoire de ce mouvement, en sortant des actions d’éclats de ces derniers jours, même en prenant en compte le fait que, les frappes ont beaucoup plus visé les militaires (ce qui semble indiquer une nouvelles stratégie) ; ne permet pas de parler de résurgence du terrorisme ou de frappe symboliques.

En fait, si on se place du point de vue de l’analyse comparative des séquences et statistiques, et en prenant pour borne inférieure 2017, on aboutit à la conclusion que la menace reste permanente ; mais diminue en intensité.

Ainsi, en récapitulant année par année le nombre de morts civils et militaires depuis 2017, on constate qu’en 2017 il y a eu 225 civils et 54 militaires morts ; en 2018,11 militaires et 128 civils tués ; en 2019,150 civils et 63 militaires tués ; en 2020,27 militaires et 164 civils tués et au premier semestre 2021, 5 militaires et 51 civils tués, auxquels il faut ajouter la dizaine de militaires de ces derniers jours (6 samedi et 5 lundi passés).

Soit un total an de 279 morts en 2017,139 en 2018,213 en 2019, 191 en 2020 et au moins 67 depuis 2021. On constate ainsi que même si la menace reste permanente, le nombre de morts baisse de manière constante depuis 2017.

On aboutit à la même conclusion quand on prend en compte les attaques kamikazes, les explosions dEEI, les embuscades et les incursions pendant la même période. Soit : en 2017,438 ; en 2018,237 ; en 2019,405 ; en 2020,445 et en 2021, au moins 98. En fait même si on observe une légère remontée en 2020 (+ 7), comparé à 2017, force est de constater qu’il y a plutôt baisse sur l’ensemble de la période.

Cette observation se confirme encore lorsqu’on prend en compte l’ensemble des variables à savoir, le nombre d’attentats kamikazes, d’explosion dEEI, d’embuscades, d’incursions, d’interpellés, de blessés militaire et civils, de personnes enlevées, de véhicules militaires endommagés et de véhicules civils endommagés et nombre de morts civils et militaires, pille et incendies des domiciles.

En conclusion, on ne peut donc pas nier que les attaques de Boko Haram contre les civils et militaires (au sens large de Force de défense et de sécurité) dan§ les villes et villages de la région de l’Extrême-Mord restent permanentes dans le temps. Mais une analyse des statistiques disponibles ne pousse ni de parler d’une résurgence au sens strict du terme, ni simplement d’attaques symboliques. La menace est réelle et permanente.

Ces assaillants déploient une logistique (armement et engins) des plus sophistiquées. Quelle peut être la source de ravitaillement ?

Il va sans dire que Boko Haram, comme tous les groupes criminels de même nature ont des soutiens internes en Afrique et externes au continent. Si le plus cité de ces soutiens externes semble être l’Etat islamique, bien d’autres existent dans le pourtour des monarchies du golfe ou dans les actions couvertes de certains Etats occidentaux.

Il faut à ces soutiens, ajouter les armes récupérées d’une manière ou d’une autre du site délabré libyen ou celles orphelines du FILS algérien, ou encore, celles récupérées au terme des attaques contre les unités militaires conventionnelles dans différents pays du champ. Le plus important reste de comprendre que Boko Haram ne fonctionne pas en vase clos.

Il y a une alliance des organisations criminelle de ce type qui se partage des informations et du matériel, tout en se soutenant idéologiquement et financièrement à travers ce qu’on pourrait appeler des multinationales de la criminalité transfrontalière organisée. Plus que jamais, le concept de la défense populaire semble d’actualité.

Quelle est la place de la population dans ce plan de remobilisation et de riposte sur les différents fronts ?

Dans tout conflit asymétrique ayant des assaillants extérieurs, la population constitue l’épine dorsale appelée encore centre de gravité. C’est elle qui rend une armée invisible, par non seulement sa collaboration avec les autorités et les Forces de défense et de sécurité, mais aussi sa recherche active du renseignement prévisionnel et son organisation en comité de vigilance d’une part, et d’auto défense d’une part.

Dans la conjoncture actuelle la mobilisation de la population doit être générale et sa veille permanente. Elle n’est pas un acteur majeur sur le plan du combat dont elle n’a ni les moyens ni les capacités. Mais son comportement peut être déterminent pour le moral des troupes, le soutien des troupes et le ravitaillement en renseignement.

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