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Cameroun- Lettre d’un autre fils Beti à Sa Majesté Jean-Pierre Amougou Belinga, Patriarche des Patriarches Mvog Belinga, Chef traditionnel, Zomloa des Zomloa

Jean-Pierre Amougou Belinga

Cette autre lettre à l’homme d’affaires Jean Pierre Amougou Belinga, fait suite à une sortie dans laquelle il présente les Betis comme des personnes « foncièrement paresseuses, malhonnêtes, sournoises, cyniques, méchantes »

"Patriarche et Chef traditionnel, c’est avec une très grande audace et un curieux courage que je le permets même de vous adresser une correspondance.

La tradition, la nature, Dieu et les hommes ont accordé que vous ne soyez un homme ordinaire car doublement investi d’une responsabilité de garder la tradition d’un peuple (chefferie et patriarcat). En un seul homme c’est de l’extraordinaire. Pour la chefferie on dira que c’est colonial et même critiquable par certains à tort ou à raison. “Auxiliaire de l’administration” peut prêter à équivoque. Mais pour le patriarche que vous êtes vous êtes une grande complexité humaine. ”Zomloa”ou ”Zomlo’o” signifie littéralement ”Celui qui supporte l’esclavage”. Vous devenez alors le serviteur d’une communauté, celui qu’on met au devant comme bouclier et paravent pour toute sollicitude. Curieusement cet ”esclave” est rempli d’une grande substance spirituelle et mystique pour mieux se déployer.

Le patriarche est un prêtre, un seigneur, un spirituel et un prophète de la religion traditionnelle. Il parle et ça s’accomplit. Il dit la vérité. Il ne se trompe pas. On ne le critique pas. On ne commente pas ses dires et ses actes. Lorsqu’il crache dans ta paume de main, tu es chanceux et ce crachat peut changer ton destin. Vénérable patriarche! Ne tombez pas dans le piège de ceux qui veulent nous les faibles écraser. Si vous n’aimez pas votre peuple vous ne lui ouvrirez pas votre cœur, maison, investissements, bouche et main pour le voir aussi sourire.

Patriarche! Vous détenez entre vos mains la clé qui peut ouvrir les multiples portes fermées aux faibles,pauvres et déshérités sociaux. Vous avez une mission pour ces derniers. À qui vous les laisserez si vous déposez cette clé ? Vous êtes fils d’un peuple qui a rarement eu des hommes qui ont tenu debout. Votre message est celui d’un prophète qui parle et dit ce qui est, a été et sera si vous n’êtes pas là pour nous.

Vénérable patriarche ! Le chant du coq chaque matin vous rappelle toujours que vous avez très peu de temps pour le repos.

Vénérable patriarche ! Vous ne mourrez pas ni spirituellement,ni moralement encore moins financièrement avant d’achever votre messianique mission auprès des hommes. La voix des ancêtres qui vous parle résume le propos en une seule: “continuez, ne craignez et ne vous attardez point”. Maintenant entre la voix des ancêtres et celle des flibustiers sociaux laquelle des deux écouterez vous ?

Vénérable patriarche! Vous seul pouvez savoir que vous ont confié les ancêtres pendant toutes vos multiples initiations. Voulez vous écoutez par le mêmes oreilles la voix du mécréant du monde ?? Non! Ne les suivez pas. Ne leur répondez même plus. Votre langue est sacrée et la parole qui en découle bénie. Comme j’aurai souhaité qu’elle me bénisse un jour.

Vénérable patriarche ! Vous parler longuement est une faute traditionnelle. Je me remets à votre grande sagesse qui tient de votre substance naturelle,humaine et divine.

Que le Dieu de nos ancêtres vous garde et vous protège toujours !!"

Martial Bessala, jeune camerounais.