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Mafia foncière : Eyebe Ayissi défie Paul BIYA sur le cas Cabinet Conseils Atou

Le Mincaf, en tandem avec le Sg/Pr, a entrepris de violer des directives du chef de l’État, en représailles contre le cabinet conseil Atou.

Le public a été surpris, pendant que l’affaire autour d’un marché de milliards de francs, attribué à une société fantôme du nom de Portsec par le ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République (Sg/Pr), Ferdinand Ngoh Ngoh, bat son plein avec ses soupçons d’abus de fonction, de détournement de biens publics, de blanchiment de capitaux et d’évasion fiscale, d’apprendre que le ministre du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf) était entré dans la danse. 

En effet, par arrêté du 28 juillet, Henri Eyebe Ayissi a procédé au retrait du titre foncier n°35885/W et n°35886/W de l’ex-Régie nationale des chemins de fer (Regifercam), précédemment vendu par le Cabinet Conseil ATOU au profit de la société All Luxury Suites. 

A la lecture de ce document, le Mindcaf eut été en passe de devenir un héros en se mettant en travers de la route de celui qu’on indexe, à tort, d’être également assis sur le patrimoine de l’ex-Office national de commercialisation des produits de base (Oncpb) et de l’ancien Office national des ports du Cameroun (Onpc). 

Les investigations de votre journal révèlent une toute autre réalité. Elles présentent M. Eyebe Ayissi comme rien d’autre que celui qui, à la vérité, brade depuis plusieurs années les biens du domaine privé de l’État et même de l’ex-Regifercam. Et son arrêté ne constitue rien moins qu’un acte de rébellion. On se souvient ainsi que, dans sa lettre qui a fait les choux gras de la presse, la semaine dernière, le cabinet conseil Atou, en réplique à Ferdinand Ngoh Ngoh qui instruisait presque des mesures répressives à son encontre, mentionnait : «Vous m’avez fait recevoir par un de vos collaborateurs le 24 juin dernier pour me remettre votre correspondance datée du même jour, par laquelle vous remettiez en cause le caractère authentique des très hautes instructions du chef de l’État pourtant conformes aux lois et règlements de la Nation, qui nous ont été notifiées le 26 mai 2021 par un autre collaborateur du chef de l’État.» 

Lors de son enquête, votre journal a découvert que ces affaires sont toutes liées, les «hautes instructions» du 26 mai et du 24 juin du Sg/Pr, au Mindcaf, concernent la vente des titres fonciers 35885/W et 35886/W de l’ex-Regifercam à la société All Luxury Suites Group. Laquelle a en charge le chantier de construction d’un hôtel 5 étoiles sur le site de l’ex-direction générale de la Régie, à Douala-Bonanjo. Thèse de représailles. Il apparaît clairement que le cabinet conseil Atou a, bel et bien, été autorisé par le chef de l’État à mener cette transaction, par une correspondance datée du 26 mai 2021 signée d’un collaborateur habilité et dûment notifiée audit cabinet conseil. C’est cette autorisation expresse que vient contester Ferdinand Ngoh Ngoh à travers sa lettre datée du 24 juin 2021. 

Le cabinet Atou la qualifie de «tardive», puisqu’elle intervient près de 30 jours plus loin. Pour ses détracteurs, l’acte du Sg/Pr est motivé par l’appât du gain, lui qui aurait, pendant près de 6 mois, vainement attendu que l’investisseur vienne «plaider» son dossier dans son bureau. C’est donc las d’attendre la suite de la demande confiée à son Sg/Pr que Paul Biya a donné son accord à un autre collaborateur, aux fins de notifier l’autorisation de vente desdits terrains au cabinet Atou. Et voilà comment M. Ngoh Ngoh est entré en rébellion contre le président de la République, jurant de reverser les patrimoines des ex-Ocpb et Regifercam à Henri Eyebe Ayissi. Il sait que ce dernier a l’habitude d’outrepasser les actes du chef de l’État, vendant tout sur son passage y compris aux alentours du palais présidentiel. 

Il y a également lieu de rappeler que ce qui apparaît, aux yeux de beaucoup, comme un acte punitif est advenu depuis que Lazare Atou, promoteur du cabinet éponyme, a adressé une lettre de dénonciation au Tribunal criminel spécial (Tcs). Cette missive, qui a déjà valu la convocation, le 18 août par le corps spécialisé des officiers de police judiciaire (Opj) de ladite cour, du directeur général du Port autonome de Douala (Pad), Cyrus Ngo’o, a trait au «marché spécial» de plus de 53 milliards de francs attribué à Porsec par le Sg/Pr. La thèse de représailles prend tout son sens lorsqu’on sait, par ailleurs que le Port, derrière lequel apparaît l’ombre furtive de Ferdinand Ngoh Ngoh, s’emploie à faire incorporer dans son patrimoine les actifs immobiliers résiduels de l’ex-Onpc dont le cabinet Atou est le liquidateur. S’estimant dans son bon droit, Lazare Atou n’a pas, dans son recours gracieux en réformation du 13 juillet, manqué de mettre en garde M. Ngoh Ngoh : «Le chef de l’État prévient au travers de son instruction générale du 4 juin 1998, relative à l’organisation du travail gouvernemental, que des instructions données, même en son nom, au mépris et en marge des lois et règlements de la nation, sont nulles et non avenues, et engagent la responsabilité individuelle de leurs auteurs et de ceux qui se prêtent à leur exécution.» 

Quant au Mindcaf, notoirement connu pour ses abus et sa grande propension à l’accaparement de domaines privés à travers une série d’annulations controversées de titres fonciers, il semble faire d’une pierre deux coups. Henri Eyebe Ayissi, en s’alliant à Ferdinand Ngoh Ngoh, espère se payer une immunité à moindres frais. Il devrait également en profiter pour agrandir son domaine en s’abritant derrière celui qui, à longueur d’instructions aux membres du gouvernement, aime à se référer aux «très hautes instructions du chef de l’État». L’expatron du Contrôle supérieur de l’État (Consupe) entend bien profiter de cette nouvelle proximité de circonstance. Avec le secret espoir que Paul Biya ne sera, par ailleurs, pas au courant de leur nouvelle alliance au niveau des familles...

Info Matin