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Cameroun – Wilfried Ekanga : « Quand l’Etat devient fou »

Claude Wilfried Ekanga Ekanga

Ils ont arrêté tout le monde. Des modèles, des aînés, des partenaires, des amis. Ils ont arrêté tout le monde ou presque.

Maitre Michèle Ndoki vit cachée. Comme si recevoir trois trous dans les jambes n’était pas déjà assez douloureux. Elle fuit désormais la folie du Monstre. Elle vit recluse dans un lieu secret, dans la peur d’être déportée à tout moment.

Engelbert Lebon, mon ami, avec qui me revient le doux parfum du poulet grillé au Queen’s. Lui aussi ils l’ont arrêté. Emprisonné pour une marche pacifique dite « illégale » à laquelle il ne participait même pas.

Et ils ont arrêté le grand frère Ndjamen, qui venait à peine de se faire ouvrir la jambe. Après avoir osé arrêter Maurice Kamto, pour un délit commis par d’autres à 6 000 kilomètres de distance.

Bienvenu dans la demeure du Monstre.

Et le Monstre est devenu fou. Il a grossi à n’en plus respirer. Il a totalement perdu la tête.

Il a reçu le pouvoir en 1982, sur un plateau d’argent. Sans élection ni efforts, sans avoir à se battre pour ça. Cela explique pourquoi il n’a jamais su battre campagne. Privilégiant la monétisation et le pain-poisson.

Notre pays ressemble de plus en plus à la Corée du Nord, où au Troisième Reich hitlérien, ou à l’enfer de Staline, en Union Soviétique. Et il y a une belle clique de vauriens que ça réjouit.

Vous êtes bien contents. Ça vous enchante parce que dans votre bêtise, vous pensez que c’est nous qui souffrons. Vous pensez que ceux qu’on a mis en prison, ce sont des « opposants ». Et qu’ils ont mérité leur sort. Vous ne vous rendez pas compte que les prisonniers, les vrais, c’est vous. Voilà jouissez d’une liberté illusoire. Basée sur le silence ou les louanges du Monstre. Vous ne pouvez plus rien dire dans votre pays. Vos actes, vos paroles et même vos pensées sont à présent contrôlées.

Le jour où vous ressentirez le besoin de vous plaindre, on vous arrêtera aussi. Vous comprendrez alors que c’était pour vous qu’on se battait, pour que nous vivions tous dans un cadre ouvert.

Et puisque vous n’aurez pas le courage de vous plaindre, vous garderez le silence face à la souffrance. C’est l’essence même de la zombimorphose. Alors bienvenue dans la prison sans murs, la prison du Monstre.

Le Monstre grossit. Il grossit. Il grossit encore et il devient fou. Et il arrête tout le monde.

Moi je n’oublie pas tout cela. Je ne les oublie pas. Mes compagnons de route, je ne les oublie pas. Ils sortiront de là très bientôt. Car nous ne les auront pas abandonnés.

Et je ne vous oublie pas non plus Vous. Vous tous qui y prenez du plaisir, Vous qui distillez des menaces, des encouragements à la crispation ethnique et à la division tribale. Vous finirez dans la poubelle de l’histoire. Comme les imbéciles que vous êtes.

Viendra le jour où les accusateurs seront les accusés. Vous qui êtes plus coupables que ceux que vous condamnez. L’instant vient où on vous traitera comme lors des procès de Nuremberg. Alors ne rêvez pas, cette histoire ne finira pas comme ça. Vous paierez le salaire de votre méchanceté.

Souvenez-vous du sort des fossoyeurs nazis. Le public ne se lève qu’à la fin du film. Celui qui porte plainte, n’est pas toujours la victime.

De l’enfer ils reviendront

Et dans l’enfer, vous irez

Pas dans celui de Satan

Pas dans celui de Dante

Mais dans celui du Monstre Que vous avez aidé à grossir

Claude Wilfried Ekanga Ekanga

(Les tentacules du Poulpe)

Frankfurt, le 7/02/2019