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Régionales 2020 - Nyong-et-Kelle : La fin de l’effet Cabral Libii ?

La question taraude les esprits de nombreux observateurs qui scrutent de près la déculottée spectaculaire du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) dans son fief du Nyong-et-Kellé alors que mathématiquement, avec 3 conseillers de plus dans les conseils municipaux du département, tous les indices donnaient favoris le Pcrn de Cabral Libii. Que s’est-il donc passé ? Esquisse de réponse.

« Le Pcrn ne figurera donc dans aucun Conseil régional. Le Pcrn n’introduira par ailleurs aucun recours. Bravo aux camarades qui y ont participé. L’avenir avec vous, est prometteur. Le Pcrn félicite les vainqueurs. L’expérience a été engrangée sans conteste. » Voilà les premiers mots de Cabral Libii, le président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) après les résultats de la consultation électorale pour les régionales qui ont eu lieu le 6 décembre dernier. Des résultats qui ont donné 97 suffrages au Pcrn qui avait pourtant les faveurs du nombre avant l’élection, car disposant de 128 élus municipaux dans 5 des 10 communes du Nyong-et- Kellé. Ce qui, tout calcul fait, indique une perte sèche de 31 votants qui ont tourné le dos à leur parti, le Pcrn. Pourtant, le Pcrn disposait de 3 conseillers de plus que le rdpc, ce qui devrait lui assurer une entrée historique au Conseil régional du Centre. C’est donc loupé, mais le leader ne semble pas si amer. Surtout qu’il estime avoir engrangé des voix là où il n’avait pas d’élus municipaux dans d’autres circonscriptions électorales. Toutefois, l’on ne peut s’empêcher de constater que si Cabral Libii ne parle pas de trahison ou de corruption de ses électeurs, sa première action a été de suspendre toutes les structures de la base de son parti dans le Nyonet-Kellé. Ce qui veut expressément dire qu’il a des reproches à leur faire. Dans la foulée, il a fallu qu’un de ses élus admire publiquement Maurice Kamto qu’il soit manu militari convoqué pour subir les foudres du directoire du Pcrn.

Toutefois, pour certains observateurs de la scène politique dans le Nyonget-Kellé, la déculottée du Pcrn dans cette circonscription électorale n’est en rien une surprise. Pour certains d’entre-eux, l’entrée en lice de l’upc, même sans conseillers municipaux, augurait déjà des lendemains incertains pour le Pcrn. La raison, il était évident que cette branche du parti du « crabe noir » irait forcément faire ses emplettes dans les rangs du Pcrn au point de s’en tirer avec 20 suffrages. De plus pour d’autres observateurs, Cabral Libii, depuis qu’il a été élu député et perçu près de 100 millions de Fcfa en termes d’indemnités, de microprojets, de dotations et gratifications diverses et même de dessous de table, n’a pas daigné repartir remercier ses électeurs. Il se conterait de sillonner le reste du pays pour une pseudo-implantation de son parti sur le plan national. C’est dans cette même foulée qu’il lui est reproché de ne pas faire de tournée parlementaire de restitution, d’aucune réalisation, même pas de distribution de simples cahiers à l’occasion de la rentrée scolaire. Plus incisif, un de ses détracteurs indiquent que « quand les élections arrivent, au lieu d’aller dans ce que tu présentes comme ton fief, toi tu cours ailleurs collecter le plantain, les chèvres et manger le taro… » il poursuit : « et quand la base se plaint, ce sont les pluies de sanctions ! » Un autre observateur croit savoir que la défaite du Pcrn dans le Nyonget-Kellé c’est d’abord la mauvaise pratique de la démocratie décentralisée au Pcrn. il s’appuie sur les dernières élections municipales dans la Commune de Makak où le Pcrn a raflé les 25 postes de conseillers municipaux mis en jeu.

Des problèmes internes nés de la désignation des exécutifs communaux ont fragilisé le conseil qui s’est vu diviser en deux blocs. L’un avec 13 conseillers et l’autre avec 12. Le parti, au lieu de procéder aux négociations pour aboutir à un choix consensuel a choisi d’imposer ceux qui devaient être portés à la tête des exécutifs communaux. Dans certaines communes, ce diktat n’a pas prospéré.  Au point où ces conseils municipaux Pcrn sont restés divisés, la direction du Pcrn, choisissant même parfois la voie des sanctions. Toujours selon notre même observateur, le Pcrn a également commis la faute de ne pas laisser chaque commune procéder à un choix consensuel de ses candidats au conseil départemental par les conseillers municipaux, en élargissant les électeurs des primaires aux cadres du parti et membres des bureaux locaux et ceux nommés d’autorité par la direction du parti. L’on estime que cette approche a fait pencher la balance au profit de la direction du parti, pourtant minoritaires dans ces primaires internes au détriment des conseillers bannis par la direction du parti. Les frondeurs n’ont donc pas hésité à faire parler leurs bulletins de vote pour punir la direction un brin dictatoriale du Pcrn.

Mais cela peut-il expliquer tout cet échec cuisant ? Certainement non ! L’entrée en jeu de grégoire Owona en vieux briscard de la politique nationale a simplement été décisive. Et comment ? Ce qu’il est important de savoir, c’est que grégoire Owona et Cabral Libii ne mènent pas le même combat politique comme ont tenté, à tout le moins, subitement d’instiller certains confrères dans l’opinion il y a quelques jours avant le scrutin du 6 décembre dernier, quand le Sga du Comité central du rdpc, décide de faire une descente sur le terrain dans le Nyong-et-Kellé. Pourtant les deux hommes politiques ne sont pas amis, ni camarades du parti, ni alliés déclarés. D’ailleurs, leurs itinéraires politiques respectifs sont aussi dissemblables que l’est l’aride désert du Sahara l’est de la verte forêt luxuriante de Moloundou. Car l’un est jeune leader d’un parti de l’opposition appelé le Pcrn, récemment sorti de l’anonymat après le désamour post-électoral entre le candidat du parti univers à la dernière élection présidentielle et Prosper Nkou Mvondo, le président de ce parti.

Curieusement, il a simplement suffi que grégoire Owona choisisse stratégiquement d’aller battre campagne pour le Rdpc dans le Nyong-et- Kellé, pour qu’on lui attribue de facto un cousinage par alliance avec Cabral Libii. Pire, même les responsables locaux du Rdpc vont faire preuve d’un curieux ponce-pilatisme pour décourager Grégoire Owona, après que ce dernier ait reçu des menaces, afin qu’il n’effectue pas ladite descente sur le terrain. Mais c’est dans cette position délicate et passablement malaisée qu’en fin connaisseur des arcanes de la plupart des partis politiques au Cameroun que le Sga du Comité central du Rdpc effectue son voyage sur Eseka deux jours avant le scrutin du 6 décembre 2020. il aura tout simplement fait parler son expérience et surtout ses qualités de grand tribun, lui qui sait qu’un bon bassa vote essentiellement Upc. il a alors suggéré aux conseillers du Pcrn, à défaut de voter Rdpc, à voter l’upc. C’est ça aussi la maturité politique. Cabral Libii a donc eu raison lorsqu’il confesse après que « l’expérience a été engrangé sans conteste ». Mais l’avertissement est de taille. il devrait reconnaitre que le Nyonget-Kellé n’est pas son fief électoral. Ainsi, pour les prochaines échéances électorales, s’il veut survivre politiquement, il devra davantage cravacher dur.

Source : LA NOUVELLE N° 572 du lundi 14 décembre 2020